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Waldo Skelbe
  • Chef de l'école de l'Ours

  • 279 ans

  • Hafþór Björnsson

  • Liens : Ex d'Idriss 

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Les sorceleurs sont des êtres sans coeur, des êtres répugnants qui n’ont ni d’âme ni de conscience. Tel est l’étiquette qui nous est attribuée de nos jours et j’aimerais tant qu’ils ait raison. Que ce visage inexpressif que je tient reflète réellement ce que j’ai à l’intérieur. 

 

Un colosse, La Montagne, je suis le sorceleur le plus grand et le plus robuste qui soit. Un des originaux, directeur actuel de l’école de l’Ours, j’en donne bien l’image. Mais au fond, j’ai un coeur  aussi fragile que les donzelles dont on parle tant dans les contes. L’épreuve des herbes ne m’ont jamais retiré de cette sensibilité qui m’animait et m’anime toujours aujourd’hui. 

 

Vous savez, cet enfant qui vous semble déjà avoir quatorze ans dû à son physique et pourtant il a la moitié de cet âge. Cet enfant qui vous dégoûte car il pleure quand il s’est fait mal et les hommes ne pleurent pas, surtout pas lorsqu’on fait cette taille là. Une déception constante pour mes parents, moi qui devait assurer le destin de ma famille. Le froid du Nord n’a pas le temps de s’occuper de gamins comme moi qui doivent se cacher derrière la jupe de leurs mères, mère qui seule à main nues arracherait la gueule à un beserker. Mais je n’y pouvais rien, j’étais ainsi, tout me faisait peur et ce corps semblait ne pas connaître la coordination. Mon père ne pouvait pas me regarder, il devait nourrir toute une famille et je ne lui causait que des problèmes. C’est ainsi que je fut déporté autre part. 

 

Je ne savais pas où j’allais, je ne savais pas ce qui allait advenir de moi, mes frères pour me faire encore plus peur me disaient que j’allais être offert au Leshen, que j’étais une abomination de la nature et qu’il allait la corriger et ils réussirent à me terroriser encore plus que je ne l’étais déjà. Pleurant toute la nuit dans mon coin pendant que tous les autres enfants avec moi s’en moquaient, peut-être ne réalisaient-ils pas qu’ils étaient envoyés à l’abattoir  ? Peut-être que c’était leur manière de se donner du courage, peut-être étaient-ils simplement de sales inconscients. 

 

Mais parmi eux un enfant se leva, un enfant qui devait avoir mon âge, bien que je semblais en avoir le double. Un enfant qui s’assit près de moi et qui me consola, pendant tout le trajet il ne fit que me soutenir tandis que les gardes conseillaient déjà de me laisser ici, que je n’allais de toute façon pas survivre aux épreuves qui m’attendaient et honnêtement, j’aurais voulu qu’ils me laissent, car je ne préférais me faire manger par les loups que de devoir confronter le Leshen. Et pourtant, Idriss, l’enfant de compassion, me convaincu de le suivre. Idriss semblait savoir ce qui nous attendait et ça ne semblait pas lui faire peur, bien que son histoire était presque plus terrorisante que celle de l’hommage au Leshen. On allait devenir des soldats disait-il, on allait devenir les héros du monde entier et il ne fallait rien craindre, on allait être béni par les dieux et le plus beau dans tout ça ? On n’allait plus avoir peur du Leshen, on allait tuer les Leshen. Et cet enfant avait raison, malgré que je lui dise que je n’étais aucunement capable de tenir une épée sans me faire mal tout seul, il me dit de lui faire confiance et c’est ce que je fit. Sur cinquante enfants déportés ce jour là où quarante huit avaient rit de moi, seuls deux avaient survécus. Seuls deux devinrent les héros des ballades, aux côtés d'Eskel et Aris.

 

Les deux survivants avec le temps devinrent deux amants, deux amants qui partageaient un amour plus que passionnel. Nous ne savions même pas ce que c’était au début, car nous pensions qu’il s’agissait simplement d’une amitié très soudée, c’est seulement lorsque nous atteignions la puberté que nous nous rendîmes compte que c’était bien plus que cela. Lorsque nos amis regardaient les femmes et que nos entraîneurs nous expliquaient les joies de l’amour par leurs commentaires grotesques voici que mon oeil se posait sur les mollets d’Idriss et qu’il souriait lorsqu’il s’en rendait compte. Lorsque le soir dans les douches communes nous nous regardions tous les deux et que nous ne pouvions plus cacher nos membres qui durcissaient à vue d’oeil. Lorsque l’envie de rentrer dans son lit le soir me prenait. Je me rendis compte que je l’aimais plus qu’un frère. Mais nos entraîneurs s’en rendirent compte, ils ne pouvaient accepter tel échange, ils nous expliquaient que cela devait être un effet collatéral de nos mutations, qu’il fallait ajuster cela, et nous voilà repartis pour d’autres expériences encore. Expériences bien plus coriaces que les premières, que vous y croyez ou non, expériences qui avaient pour but de nous guérir et quand ils se rendirent compte qu’il était impossible de me guérir de l’amour que je portais pour Idriss, ils décidèrent de nous séparer. Les originaux ne pouvaient pas être homosexuels, ça allait ruiner toute l’image qu’ils essayaient de faire passer. Interdiction de se voir, interdiction d’avoir des nouvelles, interdiction d’aimer. 

 

Alors nos histoires héroïques furent écrites séparément et c’était la seule manière pour moi de savoir s’il était vivant où pas. J’attendais simplement une chose, que ces foutus coach de merde meurent pour que je m’en aille le rejoindre et que je m’en aille vivre mon amour avec Idriss sans aucune contrainte. Le sorceleur était une espèce solitaire mais nous nous allions vivre à deux. Comme nous l’avions toujours fait, il était ma force et j’étais la sienne, du moins c’est ce que je pensais. 

 

Une seule proposition lui suffit à choisir la carrière plutôt que l’amour. La demande de devenir directeur de l’école du Griffon. À une seule condition, qu’il ne doive pas perdurer son histoire avec moi, qu’il ne doive faire savoir à personne de ce que nous avions partagé. Ils s’en fichaient de savoir ce que nous faisions sexuellement dans notre vie personnelle l’important était que deux des originaux ne soient pas ensemble. 

 

C’est ainsi qu’Idriss me quitta.

 

Après cela ? Je devint simplement La Montagne. Brut au plus haut point, directeur de l’école de l’Ours, plus froid encore qu’Eskel, je dirige ma propre armée que je rends aussi froids que moi. Parce que, malgré le temps passé et l’image de sorceleur déjà amochée, où l’on serait libre de nous unir comme nous le souhaitons, Idriss semble m’avoir oublié. 

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