Deux paires d’yeux verts dans lesquels se reflètent d’immenses flammes ardentes. Une ombre imposante devant les deux jumelles, qui se sert l'’ne contre l’autre. L’une, dont les yeux sont emplis de larmes, l’autre qui caresse tendrement les cheveux de sa grande sœur, tremblante.

Azénor avait beau être la petite sœur, ce fut elle qui rassura son aînée, tandis que leur immense maison était entraînée dans les flammes.

Parfois, la richesse est enviée. Ce fut le cas de celle des De Lazakh. Réduite à néant par un golem, qui détruisit la maison, avant de laisser maladroitement tomber des torches, entrainant un brasier fumant.

Le Sorceleur était arrivée à temps pour les petites jumelles alors âgées de 5 ans, mais pas pour les parents, ni pour aucun domestiques d’ailleurs.

Dans les bras de l’imposant Sorceleur qui emmenait les sœurs loin de leurs passé de luxe et de richesse, Azénor observait calmement les dernières flammes, tandis que les dernières poutres s’effondraient. Elle ferma les yeux, et une unique larme perla sur sa joue, avant qu’elle ne cache son visage dans l’épaule de son sauveur. Xxx, elle, pleurait toutes les larmes de son petit corps. Mais Azénor avait toujours été la plus douce, presque la moins expressive, réagissant toujours avec calme et sang-froid. Ses émotions, elle les passait dans sa passion : la musique. Sa mère avait toujours dit que sa petite Azénor avait appris à chanter avant d’apprendre à parler.

                                                  

 

17 années plus tard, Azénor observait Xxx. Dans la chambre qu’elle partageait, sa grande sœur se préparait pour la journée, une journée comme les autres pour elle. Mais pas pour Azénor. Car cette nuit, elle avait pris sa décision. Ses yeux ne s’étaient clos que tard, alors que son esprit était empli de lourdes décisions. Elle se préparait rapidement, mais c’était aujourd’hui qu’elle avait décidé que tout serait fini.

Après 17 années d’entraînements plus sévères et violent les uns que les autres, elle ne voulait pas subir ça. Personne n’en savait rien. A l’école des Chats, les sœurs Lazakh étaient pourtant connues pour leurs grandes complicités et leurs complémentarités. Et aussi pour leurs disputes très fréquentes, mais c’est un autre point.

Car Azénor et Xxx avait un gros différent. Xxx n’avait qu’une idée en tête : venger ses parents. De constitutions plus faible que sa petite sœur, elle avait dû travailler bien plus dure qu’Azénor pour être toujours en vie aujourd’hui. Pourtant, Azénor relativisait bien plus les choses : si c’était une créature qui avait détruit leurs familles et leurs avenirs, c’était bien un humain qui en était à l’origine, mais Xxx ne voulait rien entendre. Elles étaient plus têtue l’une que l’autre, et souvent, la relation explosait. Mais personne n’avait intérêt à toucher l’une ou l’autre des jumelles, car elles n’avaient le droit de se blesser qu’entre elles –voir aux entraînements.

 

Ce jour-là, à moins d’une semaine de la cérémonie, Azénor a fui l’école des chats.  Elle est partie, dans la nuit, en pleine pénombre, laissant un mot à sa grande sœur qui ne comprendrait jamais son désir de fuir, d’abandonner après tant d’années.

 

Mais ce qu’Azénor n’était pas prête à abandonner, c’était ses sentiments. Grâce à eux, elle pouvait écrire sa musique, en secret, quand elle avait le temps, ce qui était rare. Elle fut retrouvée bien sûr, mais fut suffisamment… Persuasive pour qu’il la laisse partir. Cette nuit-là, elle se surprit elle-même. Elle qui s’était toujours cru parfaitement lesbienne avait découvert son attirance pour les hommes. Depuis, tous les amants lui convenait, peu importait leur sexe, malgré une attirance légèrement plus forte pour les femmes, et une préférence pour les rapports avec les hommes.

 

Depuis quatre années, Azénor a tenté d’effacer totalement la formation qui aurait dû faire d’elle une sorceleuse. Elle n’utilise que très rarement ce qu’elle a appris, si ce n’est en cas d’extrême nécessité, ce qui est arrivé… Pour l’instant jamais en public.

 

Prudente sur ce pour quoi elle a été formée, elle passe de ville en ville et vit des concerts qu’elle donne, à l’improviste ou commandé par des notables. De ville en ville, et de lit en lit : Azénor est une femme aux mœurs très libérées, détestant les contraintes qui pouvaient lui être imposées. Elle est une grande résistante passive. Si elle parait douce et enfantine, son caractère n’en est pas moins fort. A la fois réfléchie et spontanée, elle est capable d’être de feu ou de glace. Assez lunatique, elle est une véritable artiste, parfois incompréhensible même pour ses paires… Ou par sa propre jumelle.